De tous les malheurs qui ont frappé le Liban au cours des deux dernières années, aucun n'aura peut-être un impact aussi important à long terme ou n’aura autant de conséquences par la gravité de ses dommages infligés aux enfants du pays.
Un simple coup d'œil sur les chiffres alarmants devrait suffire à secouer les politiciens et les responsables, tant ici qu'à l'étranger, face à l’étendue des difficultés auxquelles les enfants libanais sont confrontés. Selon l'Unicef, plus de 30 pour cent des enfants sont sous-alimentés, sautent des repas et se couchent souvent le ventre vide. Près de 80 pour cent des ménages n'ont pas les moyens de s'assurer une alimentation suffisante. Les trois cinquièmes de la population doivent recourir à l'emprunt pour acheter même de la nourriture.Les soins de santé, entre-temps, sont devenus inaccessibles, sauf pour les plus fortunés. Même la couverture d'assurance maladie est devenue une parodie, les hôpitaux refusant de traiter les cas les plus critiques et, ce faisant, induisant un impact sur la santé et la vie des enfants plus que quiconque. Et la plus grave de toutes ces calamités est le tort causé à l'éducation, car la dévaluation de la monnaie nationale a privé une partie importante des enfants du Liban d'une éducation décente, et a même forcé de nombreuses familles à mettre ces jeunes au travail juste pour survivre, au lieu de les envoyer à l'école pour préparer leur avenir.Ce climat n'est même pas près d'être propice à la préparation de cette génération d'enfants destinée à conduire le Liban vers un avenir meilleur. Certes, à un moment donné, la monnaie peut retrouver un minimum de stabilité, l'économie peut connaître un nouveau départ et les revenus peuvent augmenter, mais lorsque l'éducation et la santé d'un enfant sont compromises, c'est une tragédie dont il ne se remettra probablement jamais.N'oublions pas que ces enfants constituent le seul espoir réaliste du pays pour son avenir. Ce sont ces enfants qui, une fois devenus adultes et armés d'une solide éducation, construiront l'économie du futur, assumeront des rôles de leadership et sortiront le Liban du bourbier.Dans l'état actuel des choses, cet espoir s'estompe rapidement et nous encourageons tous les dirigeants libanais à mettre de côté leurs divergences et querelles mesquines et à penser plutôt aux enfants. Quant à la communauté internationale, dont la vie et l'avenir des enfants constitue aussi un enjeu, c'est à vous d'intervenir et d'agir au lieu de subordonner toute aide à des considérations politiques. Pour sauver le pays, il faut sauver les enfants, car sans eux le Liban ne serait plus qu'une maison de convalescence délabrée et en faillite abritant une population en phase terminale.