Une séléction de poèmes et histoires tirées du livre «Haneen» regroupant 39 écrits par des enfants syriens vivant dans des camps informels à travers le Liban, interprétés par des artistes libanais et syriens.

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Posté sur déc. 12 2019 4 minutes de lecture
Une séléction de poèmes et histoires tirées du livre «Haneen» regroupant 39 écrits par des enfants syriens vivant dans des camps informels à travers le Liban, interprétés par des artistes libanais et syriens.
Returning
to rebuild you, my beloved homeland
Returning
to kiss the willow and the olive trees
To you, a love scented with life and peace
and layers upon layers of hidden yearning
We shall return.
JAMAL HASSANI
Aleppo - Age 13
Nous reviendrons
Nous reviendrons
Pour te reconstruire, ô patrie bien-aimée
Embrasser le saule et les oliviers
Pour toi, un amour parfumé de vie et de paix
Et couche sur couche de nostalgie cachée
Nous reviendrons.
JAMAL HASSANI
Alep - 13 ans



© Illustration de Diana Halabi

 

 
Le jeu de la fuite devant la mort : l’innocence de l’enfance noyée
Quand je me souviens de la Syrie, je ne peux que penser à une image triste et douloureuse d'un enfant, dont le sang illustre les souffrances d’une guerre impitoyable.
La guerre a volé aux enfants de là-bas leur droit à vivre en paix et en sécurité, ainsi que leur droit de jouer et d'apprendre dans des écoles totalement détruites. Celles-ci sont devenues des zones militaires, ne donnant que des leçons de mort et dispensant la culture du meurtre face aux bancs des écoliers.
La guerre a privé les enfants de leurs droits les plus fondamentaux.
Le plus grand rêve pour un enfant en Syrie est aujourd’hui de survivre, son plus beau passe-temps, qu'il pratique tous les jours, est la course rapide après un bombardement soudain. La fuite vers un endroit sûr ou encore plus sécurisé.
Tous ces enfants ne connaissent qu'un seul jeu auquel tout le monde participe : le jeu de la fuite devant la mort.
L'image du petit Syrien noyé sur les plages de Turquie reflète peut-être l'étendue de ces souffrances qui ont secoué le monde entier.
Avec la noyade de cet enfant, c’est toute l’innocence de l’enfance syrienne qui a coulé, emportant avec elle l'avenir d’une génération tuée avant même la mort de l'enfant en mer.
Sauvez donc ce qui reste des enfants syriens…
FADI AL-AHMAD
Alep - 13 ans

© Illustration de Bassam Alemam




Nombres
10-9 est mon numéro de classe
16 est le numéro de ma tente
26 est le numéro de mon camp
3 est le numéro de mon bureau dans la classe
5 est mon numéro pour les réunions
3212576 est le numéro de ma carte des Nations Unies
Une liste interminable de chiffres
Une liste qui me dérange et me trouble
En Syrie, je ne voyais les chiffres
Que dans les manuels de mathématiques
Une matière que j'aimais.
Mais maintenant, je la déteste.
Elle m’étouffe jour après jour
Ma mère est devenue un numéro
Mon père, un autre numéro
Ma sœur, mon frère, moi-même,
Des numéros… des numéros…
Et nous comptons les jours machinalement
Juste des chiffres qui défilent
Et j'espère, j'espère
Un autre numéro d'un jour à venir,
Quand on me dira que nous rentrons au pays
À ce moment, j’effacerai tous ces chiffres
Et porterai mon identité, l’identité de la Syrie.
On ne se sent plus humain, rien que des robots,
Avec des chiffres et sans aucun nom.
SHOKRI ASKAR
Alep - 13 ans



© Artwork by Mohamed Kraytem




Le froid
 
 Nous vivions dans notre pays en sécurité.
Puis nous avons été déplacés au Liban,
À cause de la guerre.
Je déteste l'hiver.
Quand nous étions assis dans la tente sous le froid rigoureux,
Que la tempête battait le tissu produisant des éclats terrifiants,
Chaque jour, mon père s’en allait ramasser du bois
Et des bouts de cartons pour nous réchauffer.
En Syrie, jamais nous n’avions froid et n’entendions ces bruits.
J'aimais l'hiver, mais maintenant je ne l’aime plus.
L'hiver dernier, des enfants sont morts de froid.
Cet hiver, j'ai peur de mourir moi-même,
Ou l'un de mes frères et sœurs ou amis.
Mon Dieu, ramène-nous dans notre pays, la Syrie,
Afin d’y vivre en sécurité et bien au chaud.
 

FATIMA AL-TAMER
Idlib - 10 ans


© Illustration de Fares Cachoux




Questions innocentes
 
Ne suis-je pas une enfant ?
N'ai-je pas l'innocence des enfants ?
Et leurs ambitions ?
Et cet amour, et cette pureté ?
Pourquoi ne vivrais-je pas comme eux ?
De quel droit mon rêve s’est-il perdu ?
Et avec lui, ma sécurité ?
Qui a volé la tendresse de mon pays ?
Et qui a troqué la sécurité contre la mort ?
Mais je regagnerai mes droits, malgré les peines
Car l'amour, le droit et le bien
Triompheront de l'oppression.
SHAIMA’ ALOUSH
Homs - 12 ans

© Illustration de Laila Hamzeh




Que Dieu vienne en aide à mon pays
 
 Amertume après amertume
Comment et jusqu’où
Cette histoire ira-t-elle ?
Âmes opprimées,
Cœurs brisés,
Et les souvenirs des gens
Gravés sur les murs des maisons abandonnées.
À qui parler ?
Et qui pleurer ?
Amertume encore.
Un soupçon d'espoir.
Et nous disons que nous n'avons que Dieu,
Lui seul connaît l'histoire.

TAGHREED EZZEDINE
Homs - 14 ans

© Illustration d'Amandine Brenas

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