Les Implications de la participation politique des femmes au Liban, une culture de l’inclusion et le renforcement des mesures spéciales : une priorité imminente pour un rôle effectif

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Posté sur août 02 2018 7 minutes de lecture
Les Implications de la participation politique des femmes au Liban, une culture de l’inclusion et le renforcement des mesures spéciales : une priorité imminente pour un rôle effectif
© Illustration by graphic designer Mona Abi Wardé
La Constitution libanaise est claire dans son article 7, elle garantit l’égalité entre hommes et femmes sans distinction. Aussi la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes que le Liban a ratifié en 1996, incite dans son article 4, l’Etat à prendre des mesures fermes, plus spécifiquement des « dispositions temporaires spéciales » pour accroître la représentation des femmes dans les organes dont les membres sont élus ou nommés, dans tous les domaines de la vie publique.
Cela est aussi entériné par la conférence internationale de Pékin de 1995, dans la Convention liée aux droits civils et politiques, dans la Résolution des Nations Unies liée aux femmes, à la paix et à la sécurité 1325/2000, la résolution 1820/2008 et la résolution 2122/2013 qui exhortent les pays à renforcer la présence et participation des femmes dans les commissions de négociation et de médiation visant à mettre fin aux conflits armés, et à instaurer la paix civile. Dernièrement, l’égalité a été remise sur la table des politiques publiques nationales par le « Programme de développement durable à l’horizon 2030 » avec un plan d’action adopté en septembre 2015 lors du sommet des Nations Unies, comportant 17 objectifs de développement durable dont l’objectif 5 est directement lié au genre et à l’Egalite hommes femmes.

Certains de ces textes sont contraignants, d’autres non. Mais contraignants ou pas, c’est à l’Etat Libanais de prendre des mesures qui accordent une place importante aux femmes en politique. La culture politique et sociale du pays est d’ailleurs reflétée par des facteurs comme le rôle social et public des citoyennes. En d’autres termes, la place accordée aux femmes en politique et dans le domaine public consolide l’inclusion sociale comme élément fédérateur d’une démocratie réellement participative et égalitaire.  La détention des rôles dominants ou « de leadership » en société, notamment dans les instances élues et nommées (portefeuilles ministériels, Directeurs généraux, Ambassades, Commissions, Comité de négociation…), montre jusqu’à quel point le patriarcat imprègne la culture politique et comment l’Etat renforce par ses politiques mais aussi pratiques, l’inclusion de tous et toutes dans ses sphères publiques.
Des chiffres, mesures et exemples d’exclusion sociale au Liban
Dans les faits, les femmes libanaises ont obtenu après diverses mobilisations la réforme de la loi électorale en 1953 qui a consacré leurs droits politiques. Mais vu les divers quotas confessionnels et géographiques qui existent au Liban, il est difficile aux femmes libanaises de percer le cercle de la domination masculine en politique. Ce n’est qu’en 1963 qu’une femme est élue d’office au Parlement pour succéder à son père décédé. Lors des élections législatives en 2009, sur 587 candidats seules 12 étaient des femmes, et seulement 4 furent élues au Parlement libanais. Les élections législatives de mai 2018, soulignent une amélioration significative de la participation politique en termes de candidatures : 113 en candidatures personnelles, 86 candidatures sur les listes en 2018, en comparaison des 12 candidatures femmes en 2009, 44 en 2013 lorsque les élections n’avaient pas eu lieu. Les résultats des élections de 2018 se traduisent par un nombre timide de 6 élues sur 128 malgré la multiplication des campagnes nationales de conscientisation. Le Liban reste loin derrière dans le classement international.
Dans les gouvernements, les femmes sont rares. Une ministre pour le dernier gouvernement et aucune pour le précèdent.
Depuis les années 1990 le dialogue national a été initié et organisé par les instances politiques comme les partis politiques et les instances du gouvernement, les principaux dirigeants pour décider de la paix civile, coordonner les stratégies de défense et assurer les bases de l’entente nationale sur les dossiers libanais brûlants. Les femmes jusqu’à ce jour sont absentes de ces réunions qui ont pour objectif de décider des priorités nationales. Les réunions du dialogue national ont établi les bases du compromis au Liban, à TAEF, Doha ou celles qui ont eu lieu au Liban pour les pourparlers de paix: les questions abordées et les solutions proposées, sans la participation des citoyennes exclues de ces réunions, risquent de ne pas être appropriées par elle, et risquent d’être entravées, par leur non exhaustivité et ou prises au sérieux par celles qui n’y ont pas participé.  
Les résultats des élections municipales qui ont eu lieu en 2016, ont montré un léger progrès dans le taux de participation des femmes dans les décisions locales municipales, de 4.6% en 2010 à 5.4% en 2016 avec 663 femmes élues locales. Ce taux n’est sûrement pas suffisant pour une réelle inclusion des femmes dans les prises de décisions au niveau local. Sachant tout le travail que les femmes peuvent effectuer dans le cadre notamment des processus de réconciliation et médiation locaux qui n’ont pas eu lieu systématiquement après la guerre et les divers conflits vécus au Liban.  Le rôle des femmes dans les processus des commissions de vérité, de réconciliation et de reconstruction doit être une priorité des efforts nationaux et un des enjeux de la démocratie que le pays tente de consolider.
Des initiatives plurielles pour une inclusion politique et sociale qui transforme les obstacles structurels
Un grand mouvement social porte les droits politiques et civils des femmes au Liban comme cause essentielle. Ce mouvement est formé par des instances nationales, comme la Commission Nationale des Femmes au Liban formée par la loi 720/1998 et le nouveau ministère des femmes au Liban créé en 2017. Le mouvement est aussi porté par des instances civiles notamment les ONGs qui se sont rassemblées sous la houlette de la coalition nationale « les femmes en politique » formée en 2016. Les revendications étaient simples notamment assurer les pleins droits sociaux et politiques des femmes libanaises. Si l’imposition d’un quota n’est pas la solution rêvée pour l’égalité homme/femme, les études, ont montré que ce système permet aux femmes d’accéder aux affaires publiques et aux postes de prise de décision. Les associations de la société civile ont revendiqué l’imposition d’un système de quota de 30%, un système transitoire et temporaire qui permettrait d’augmenter la proportion de femmes dans la vie publique libanaise notamment dans la loi électorale législative. La vision commune derrière ces revendications égalitaires telle que soulignée par la stratégie nationale des femmes au Liban 2011-2021, une sphère politique publique sans domination masculine, et où les femmes peuvent aussi être des actrices citoyennes à part entières.
La marginalisation et l’exclusion de femmes suite aux compromis et concessions faites à cause d’un système confessionnel et patriarcal, nécessitent  des mesures claires et plusieurs niveaux d’interventions : L’amendement des lois électorales. Le projet présenté en 2010 pour amender la loi des élections municipales avec un quota pour les femmes doit être remis sur le tapis. La loi des élections législatives de 2017 revue avec des mesures qui encouragent à avoir un nombre de femmes obligatoirement sur chaque liste, sous peine de pénalisation. Aussi, assurer le respect du principe de l’égalité dans toutes les nominations ministérielles, commissions et délégations.
Inclusion et représentation équitable,  pour une citoyenneté pleine et entière
En bref, le combat pour une citoyenneté effective est long, les mesures temporaires permettent aux femmes en tant qu’entité marginalisée par la structure du système d’accéder à toutes les sphères de décision, de l’administration, et du service à la collectivité. Cela assurerait une meilleure représentativité des femmes. Une représentation qui permettrait d’aborder les questions du genre et ses diverses implications sur la vie publique dans le débat public, au sein des instances comme le gouvernement et le parlement.

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