Plusieurs études mettent en relief d’ailleurs l’impact de l’inégalité des genres sur la prolifération de l’extrémisme violent, ce qui confirme le fait que celui-ci est un problème lié à la question du genre et donc impacté par l’inégalité entre hommes et femmes dans une société déterminée. Un rapport de 2015 sur la sécurité inclusive révèle que sur les 17 pays qui figurent au bas de la liste de l’OCDE (Organisation de la coopération et du développement économique) des pays qui pratiquent la discrimination hommes-femmes, 14 ont été le théâtre de conflits au cours des deux dernières décennies.
La résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité a constitué une étape charnière dans l’intégration de la parité hommes-femmes dans les politiques de paix et de stabilité, suivie en 2015 de la 2242 qui souligne l’importance de l’intégration des femmes dans le dialogue engagé dans le cadre de la lutte et de la prévention contre l’extrémisme violent (CVE et PVE). La résolution 2242 presse les États membres du Conseil de sécurité et l’ONU de « garantir la participation et le leadership des femmes et des organisations féminines dans l’élaboration de stratégies de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ».
Parallèlement, le programme de développement durable à l’horizon 2030 adopté en 2015 et prévoyant 17 objectifs, ainsi que la résolution sur les femmes, la paix et la sécurité, ont tous deux souligné l’importance des politiques de prévention et la nécessité d’un engagement collectif à cette fin. Cette approche a tout naturellement trouvé son écho dans le Plan d’action du secrétaire général de l’ONU pour la PVE. Celui-ci consacre un volet entier au développement des capacités des femmes et appelle les États membres de l’ONU à faire en sorte que les efforts visant à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent ne se répercutent pas négativement sur les droits des femmes.
Au Liban, la Stratégie nationale pour la prévention de l’extrémisme violent, approuvée au début de l’année 2018 en Conseil des ministres, repose sur une compréhension parfaite de la nature de l’extrémisme violent, liée à l’inégalité du genre. Aussi, le document a consacré tout un chapitre à « l’égalité hommes-femmes et à la capacitation des femmes ». Celui-ci couvre quatre domaines d’activités :
- La sensibilisation des femmes à leurs droits constitutionnels et légaux ainsi qu’aux risques d’extrémisme violent aux niveaux individuel et familial.
- Une réforme législative pour rétablir la justice et éliminer toutes sortes de discrimination contre les femmes.
- La participation des femmes aux activités sociales, culturelles et de développement.
- La participation des femmes aux processus de prise de décisions et d’élaboration de politiques.
Dans une étape ultérieure, une approche « pan sociétale », c’est-à-dire incluant l’ensemble de la société est prévue pour l’élaboration d’un plan d’action exécutif. Des expertes, des représentantes d’associations, ainsi que des activistes ont été les principales actrices dans le processus de consultation au moment où la sensibilisation aux disparités hommes-femmes a été intégrée à tous les débats pour qu’elle soit prise en compte dans les systèmes de surveillance et d’évaluation.
Le rôle des femmes, et plus généralement la question de l’égalité des genres, trouvent leur racine dans la réflexion socio-politique engagée dans l’Antiquité. Dans « La République », Platon souligne ainsi que dans une « ville juste », les êtres humains ne devraient pas être définis par les propriétés physiques de leurs corps, mais plutôt par leurs fonctions cognitives. À cet effet, le XXIe siècle se doit de rectifier le tir et de faire en sorte que l’humanité entière soit à égalité dotée des moyens de développement et d’intégration.