L’intégration de femmes à la police municipale est désormais en vogue, plusieurs autorités locales s’étant résolu à tenter l’expérience en injectant à leurs équipes une dose de féminin susceptible de gagner la confiance des habitants, de rassurer voire même de protéger.
Convaincues de la nécessité de modifier les méthodes traditionnelles de répression et de coercition en leur substituant les concepts de dialogue et d’échange avec les citoyens, plusieurs présidents de municipalités ont opté pour une police de proximité que les femmes sont à même de mieux incarner dans un pays où la culture de la contrainte et la violence restent de mise.
Soutenu par le Ministère de l’Intérieur et des municipalités et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et financé par les gouvernements canadien et hollandais, le processus d’intégration des femmes au sein des polices municipales constitue l’un des éléments phare d’un Projet de soutien aux municipalités, mis sur les rails en concertation avec les acteurs municipaux qui aspirent à renforcer la stabilité sociale en inaugurant des méthodes plus en phase avec la demande croissante de services de la population.
Plus orientées vers la communauté, et dotées de facultés de communication et d’écoute plus accentuées que chez leurs pairs masculins, les femmes policières ont commencé à s’imposer peu à peu dans des municipalités telles que Bourj Hammoud, Mina, Enfé, Zahlé et Antélias pour ne citer que quelques exemples.
Recrutées en 2017 par le président de la municipalité d’Antélias, Elie Abou Jaoudé, six femmes ont réussi à s’imposer au sein de la police locale. Satisfait de la productivité des femmes qu’il avait d’abord recrutées au sein de l’administration, M. Abou Jaoudé a décidé de passer à la vitesse supérieure en intégrant à la police locale six femmes. « Elles sont tout simplement plus rigoureuses et bien plus professionnelles que beaucoup d’hommes au sein de l’équipe », témoigne le président.
Autre atout sur lequel peuvent tabler ces nouvelles recrues, leur genre, qui, conformément aux usages de respect et de prévenance envers la femme, leur assure une aide spontanée de la part des habitants, désireux de leur faciliter la tâche en faisant preuve d’amabilité et d’une plus grande coopération.
À Bourj Hammoud, le recrutement des femmes au sein de la police municipale, mais aussi au sein de l’administration, a été initié il y a quelque temps déjà. Désormais, la gente féminine représente près de 34 % des effectifs et certaines d’entre elles ont été affectées à la gestion de la circulation.
Ayant gagné en assurance, après un démarrage difficile où les policières ont dû faire face à des tentatives d’intimidation et à des blagues sexistes, elles ont fini par s’imposer après avoir fait leur preuve dans un environnement plutôt ardu. Le contexte social était également pénible au départ pour les 15 policières à Zahlé, qui, au fil des ans, ont fini par gagner le respect des habitants.
« Au début, personne ne nous prenait au sérieux, pas seulement parce que nous étions des femmes, mais à cause de la mauvaise image qu’ont généralement les citoyens de la police municipale en générale », témoigne Cosette Abdayem, qui a rejoint l’équipe il y a presque trois ans maintenant. Au fil du temps, elle a appris, dit-elle, à concilier fermeté et affabilité, mettant à profit tantôt la douceur et l’écoute active, tantôt l’audace et l’assurance lorsque dès que la situation se corsait.
« Bien qu’embryonnaire à ce stade, la féminisation de la police municipale gagnerait en efficacité le jour où les municipalités seront dotées des ressources et du pouvoir nécessaires pour mieux faire appliquer la loi dans un pays où l’impunité est toujours de mise », commente une experte qui suit de près le projet. Selon elle, les femmes ont un potentiel énorme qui n’attend qu’à être révélée et mis à profit notamment en matière de respect de l’environnement.