Épidémiologistes, économistes et sociologues à travers le monde sont d’accord sur un point : l’après Covid-19 sera totalement différent de la période d’avant… pour peu que l’humanité commence d’abord par vaincre la pandémie. Les « vieux systèmes normaux » ont montré leurs limites et il va certainement falloir en inventer d’autres pour survivre. Et pas seulement en termes de production, de consommation et plus généralement de système économique.
Le coronavirus a bousculé aussi nombre d’anciennes habitudes, notamment celles qui touchent aux interactions sociales. Nous assistons à un effondrement généralisé de la sociabilité : enfants, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes ne se voient presque plus, et lorsque cela est possible, restent à bonne distance claquemurés derrière leur masque ou leur visière. Plus de marques d’affection, plus d’émotion, la santé personnelle prime tout. Les rapports entre les gens, hormis le cercle familial restreint, ne s’exercent qu’à travers la petite lucarne du téléphone ou de l’écran d’ordinateur.
Pour avoir une idée de ce bouleversement mondial, il suffit de se reporter au cas de Hong Kong, touché en 2002 par le SRAS, un cousin du Covid-19, mais autrement plus mortel. Depuis lors, toutes les habitudes ont été bousculées, et jusqu’à la dernière pandémie du nouveau coronavirus, les Chinois de cette région administrative spéciale appliquent scrupuleusement toutes les mesures barrière et le lavage systématique des mains. Des habitudes de vie qui durent depuis… 18 ans !
Il en est de même au Liban, bien entendu. Sauf qu’au Liban, en plus de la pandémie, il va falloir sortir de l’effondrement économique et financier. Et ce n’est certainement pas la classe politique actuelle, à l’origine de la débâcle, qui sera en mesure de le faire. Le changement essentiel au pays du cèdre devra commencer en priorité par une modification en profondeur de la praxis politique, fondée depuis l’Indépendance sur le clientélisme et le copinage. Des députés, ministres et présidents sans programme politique, sans vision de gouvernance, qui traînent les uns chez les autres dans des discussions éternelles autour de points de détail insignifiants, ignorant des services publics de base volontairement maintenus en état de déshérence. En somme c’est d’un retour indispensable aux fondamentaux dont le Liban a besoin. Et les fondamentaux, c’est en premier l’éducation où pratiquement tout est à refaire…