Il ne fait aucun doute que nous nous habituons à la vie d’après : enseignement à distance, commerce, achat et vente en ligne, condoléances via le téléphone, réunions au moyen de diverses applications… Tel est ce nouveau monde qui nous est imposé par l'épidémie de Covid-19.
Il est vrai que nous nous y habituons au fur et à mesure, et c'est comme toute autre situation à laquelle nous pouvons nous habituer et finir par accepter après un certain temps. Mais en réalité nous commençons à perdre cette intimité, cette proximité qui caractérise spécifiquement nos sociétés orientales. L’interaction dans les écoles, les universités et sur le lieu de travail, nous la considérons comme toujours nécessaire, et dès le plus jeune âge, la participation des camarades jouant à l'école et dans la rue est une voie obligatoire pour construire la personnalité de l’enfant et tester sa communication avec les autres. Comme parler directement à l'employé de la banque nous fait sourire et bâtir de nouvelles relations sociales.
Ce que nous vivons actuellement, c'est certainement l'avenir, où le monde se transforme électroniquement. Plus l’Internet sera rapide, plus les gouvernements seront poussés vers le monde numérique qui réduit l'existence humaine et bloque les interactions entre les individus. Mais nous sommes incapables de résister aux changements. Et face à cette impuissance, nous devons faire face à la réalité émergente. Nous bénéficions ainsi du développement technologique, car il facilite en fait notre vie au quotidien, rapproche les distances, économise la corvée du déplacement, la consommation d'énergie, réduit la pollution des voitures et des avions, et raccourcit le temps… Autant de facteurs positifs que nous ne pouvons nier. Mais en même temps, nous recherchons notre humanité dans ce monde virtuel, qui nous conduit à l’uniformisation, au manque d'émotion et d'interaction, à la paresse, à l'augmentation de l'obésité et des maladies qui en résultent, à la désintégration des relations sociales, au manque d'amour et de solidarité, nécessaires pour que l'équilibre de l'être humain ne se perde pas.
Au Liban, nous vivons une expérience rudimentaire, et après la fin de la pandémie, nous reviendrons à nos vieilles habitudes, quoique dans une moindre mesure, grâce d’abord à la lenteur de l’Internet et au manque de services électroniques dans la plupart des secteurs de services. Ce retard peut être considéré comme une bénédiction à l'heure actuelle, jusqu’à ce que nous nous préparions à une nouvelle phase différente.