L’immobilisme roi

salam wa kalam website logo
trending Tendance
Posté sur déc. 01 2018 0 minutes de lecture
L’immobilisme roi
L’État libanais peut désormais se parer du titre peu glorieux de champion toutes catégories du ratage du coche. Les occasions manquées s’égrènent tel un chapelet interminable et plus aucune échéance, qu’elle soit constitutionnelle ou simplement de fonctionnement administratif de base, n’est respectée. À croire que mystérieusement le pays tout entier s’est figé dans l’espace et le temps.
Le Liban a ainsi perdu deux années entières à se trouver un président de la République. Et si des élections législatives ont pu se tenir vaille que vaille en mai dernier à l’ombre d’une loi électorale bancale, la classe politique n’est toujours pas en mesure de faire éclore un gouvernement. Et quand bien même un cabinet verrait le jour, sa structure même basée sur le consensus permanent en ferait une institution paralysée, incapable de prendre la moindre décision.
Le pays a aussi raté le coche d’une gestion efficace des déchets ménagers. Depuis l’éclatement de la crise il y a deux ans, aucune décision crédible n’a pu être prise en raison des conflits d’intérêt. La seule solution de facilité proposée repose sur les dépotoirs dont on négocie âprement la localisation auprès des chefs communautaires.
Solution de facilité également face à la pénurie d’électricité. Près de 30 ans après la fin de la guerre, le rationnement du courant est toujours pratiqué à grande échelle et aucune décision n’a été prise concernant l’installation de nouvelles centrales ou mieux encore, l’exploitation des énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolienne). Finalement, un règlement partiel et branlant a été imposé consistant à louer des navires-centrales très polluants, sans même solutionner le problème de fond.
La nonchalance des pouvoirs publics s’est même étendue à la question des réfugiés syriens. Aux lieux que ces derniers soient clairement répertoriés, installés convenablement dans des camps géographiquement bien définis, on a préféré sous-traiter le problème avec les ONG et l’agence de secours de l’ONU. On a parallèlement multiplié les tracasseries administratives à l’encontre des investisseurs et autres Syriens aisés, qui ont préféré aller placer leur argent ailleurs.
Bref, d’occasions manquées en solutions de confort et paresse généralisée, la classe politique libanaise étale un tel degré d’immaturité que les Libanais en viennent aujourd’hui à se demander s’il n’est pas indécent de continuer, année après année, à célébrer machinalement l’indépendance de leur pays.

A+
A-
share
Les plus vues ce mois-ci
décembre 10, 2024 par Zahraa Ayyad, Journaliste
décembre 10, 2024
par Zahraa Ayyad, Journaliste
décembre 07, 2024 par Naya Fajloun, Journaliste
décembre 07, 2024
par Naya Fajloun, Journaliste
Charger plus