Si ce que dit le poète français, Louis Aragon, sur la femme qui serait « l’avenir de l’homme » est vrai, cela signifie qu’au Liban, cet avenir est encore incertain. La Libanaise s’impose de plus en plus dans la plupart des domaines, mais elle est encore loin d’être l’égale de l’homme. Surtout en politique. Jusque-là, ce domaine était resté réservé aux hommes – ou en tout cas aux femmes qui héritent un leadership des hommes, qu’ils soient père, mari ou frère. L’idée du quota féminin dans la candidature n’a pas été adoptée dans la nouvelle loi électorale, chaque partie rejetant la faute sur l’autre. Pourtant, un nombre important de femmes se sont portées candidates aux législatives du 6 mai, brisant un tabou dans ce domaine et affichant une volonté de se battre, même si les campagnes contre les femmes sont plus féroces que celles qui touchent les hommes, parce qu’elles portent sur le côté personnel. 111 candidatures féminines sur un total de 976. Une première qui pourrait faire croire que la société libanaise est prête à accepter la femme comme partenaire de l’homme en politique.
Toutefois, les apparences peuvent être trompeuses. D’une part, la femme libanaise a bénéficié cette année d’un coup de pouce de la part de la communauté internationale et des ONG locales pour se lancer dans la bataille électorale. D’autre part, les candidatures nombreuses ne signifient pas que le nombre de femmes députés augmentera dans le nouveau Parlement. La nouvelle loi électorale basée sur un mélange de mode de scrutin proportionnel doublé d’un mécanisme de voix préférentielle désavantage les femmes, qui pourraient être prises sur les listes pour être sacrifiées sur l’autel du nouveau système. Les partis politiques veulent moderniser leur image devant l’opinion publique locale et auprès des instances internationales en incluant (partiellement) des femmes dans leurs listes, tout en accordant leurs voix préférentielles à leurs candidats forts… des hommes. Ils diront ensuite qu’ils ont fait de leur mieux, mais l’électorat n’est pas prêt. De son côté, la société civile n’est pas assez forte pour imposer des figures féminines.