J'ai rencontré un garçon de 8 ans, qui a dit qu'il était le seul survivant de sa famille. Sa minuscule corpulence lui avait permis de se cacher dans une machine à laver pendant que sa famille entière était abattue.
Aujourd’hui, cette fosse commune n'a pas changé, c'est toujours un terrain vague. Seul un monument à la mémoire des morts a été ajouté. À l’avant, des bouquets de fleurs fanées enveloppés de cellophane, quelques murailles de silhouettes noires sur les murs environnants et une cage avec des poulets courant d'un côté du « cimetière ».
Cette photo a été prise dans l'une des ruelles du camp, le jour de ma visite en 1983. Il n'y a pas de gens, seulement un silence étrange, quelques objets épars et peut-être les fantômes de certains innocents qui ont traversé ces allées étroites en septembre 1982, espérant échapper à la sauvagerie de leurs bourreaux.
Par Aline Manoukian, photographe et éditrice de photos