La seconde, par contre, porte sur le caractère humanitaire de cette présence, car tous ces gens ont été contraints de quitter leur pays dans des circonstances dramatiques pour vivre dans des conditions tout aussi dramatiques.
Les Libanais, qui ont vécu les affres de la guerre civile pendant de longues années peuvent, mieux que d’autres peuples, comprendre le déchirement que représente la fuite hors de son pays et le drame que constituent l’émigration et le refuge sous d’autres cieux pendant toutes ces années, alors que les efforts de la communauté internationale ne sont pas à la hauteur de l’ampleur de cette crise.
Loin des chiffres et des statistiques, ce n’est plus un secret que de dire que la crise syrienne va crescendo et annonce désormais l’émergence de problèmes insolubles. Au début du mois de juillet, le gouvernement libanais s’est penché sur ce dossier avec beaucoup de sérieux, mais les divisions politiques dans le pays, notamment sur l’attitude à adopter, avait empêché l’adoption d’une décision adéquate et concrète. Toutes les parties sont en effet d’accord pour le retour des déplacés chez eux, mais elles ne s’entendent pas sur les moyens d’y parvenir. Et rien n’indique qu’une solution de rechange pourrait pointer à l’horizon.
Le poids de cette présence massive de réfugiés pèse donc sur les Libanais et cela se traduit parfois par des comportements inhumains que leurs auteurs justifient par le recul des services, la concurrence de la main d’œuvre syrienne qui coûte moins cher aux employeurs libanais et des incidents sécuritaires dus à l’infiltration d’éléments armés et de terroristes dans les camps de réfugiés. De même, la recrudescence d’une façon significative de la criminalité dans leur pays renforce la méfiance et le rejet des Libanais à l’égard des réfugiés syriens.
En résumé, on peut dire qu’il n’y a pas de solution prête à l’emploi pour régler ce problème de façon radicale et définitive, tant que se poursuit la crise en Syrie. Il est tout de même possible de réduire son poids et de limiter ses effets négatifs. Mais cela suppose une coordination entre le Liban, la Syrie et la communauté internationale. Il s’agit ainsi de fournir des garanties pour la création de zones sûres en Syrie, qui pourraient pousser les réfugiés à rentrer dans leur pays dans des conditions acceptables. Certains ont évoqué la possibilité de réglementer la présence des Syriens au Liban. Mais il faut préciser à cet égard que l’État libanais, avec ses moyens modestes et ses multiples considérations politiques, demeure impuissant. Il peine déjà à régler les problèmes de ses propres citoyens. Il est donc illusoire et vain de lui demander d’organiser efficacement la présence d’étrangers sur son territoire…