La pandémie de Covid-19 a représenté un défi pour les secteurs de santé partout au monde, faisant pression particulièrement sur les systèmes dont les ressources sont limitées. Au Liban, alors même que le pays était sur le point d’appliquer un nouveau confinement afin de limiter le nombre de cas en hausse après la réouverture des frontières, Beyrouth a été le théâtre d’une explosion le 4 août, qui a fait plus de 190 tués, 6 000 blessés et près de 300 000 déplacés. Les conséquences de cette déflagration ont accentué le défi auquel le Liban faisait face dans sa lutte contre la pandémie.
Celle-ci est parvenue au Liban alors même qu’une crise économique et bancaire aiguë avait débouché sur la formation d’un nouveau gouvernement, qui a pris en charge la réponse au Covid-19. Les défis initiaux étaient similaires à ceux de tous les systèmes dotés de peu de ressources : le système de santé du pays est fragmenté et en grande partie privatisé, concentré surtout dans les zones urbaines ; les quartiers sont densément peuplés par des foyers multigénérationnels[1] ; la chaîne d’approvisionnement est majoritairement dépendante de l’importation[2]. L’explosion du 4 août a mis davantage de pressions sur le système : six hôpitaux majeurs ont été gravement endommagés[3] ; le défi de la densité populaire s’est accru en raison des milliers de déplacés ; et, enfin, la démission du gouvernement a mis en péril la crédibilité des efforts d’intervention et la capacité à mobiliser les différents secteurs.
L’approche libanaise consistait initialement en un confinement agressif, visant à améliorer les capacités du secteur de santé à faire face à la pandémie. Le pays a mis à l’arrêt les écoles, les garderies, les pubs, les clubs de sport et les grands magasins, gardant ses frontières hermétiquement fermées et sommant les citoyens de rester chez eux, alors même qu’il n’y avait que 99 cas au compteur. En dépit du succès de ces mesures initiales, avec un taux de positivité de 1,5 % et seulement 251 cas par million avant la réouverture des frontières, des voyageurs contaminés ont bientôt provoqué la formation de clusters dans les communautés. Suite à l’explosion survenue durant une deuxième phase de confinement, le taux de positivité a bondi de 2,1 % le 25 juillet à 10,5 % le 22 août, surchargeant très rapidement les unités consacrées aux malades du coronavirus.
[1] Khoury P, Azar E, Hitti E. COVID-19 Response in Lebanon: Current Experience and Challenges in a Low-Resource Setting. JAMA.
2020.