Depuis 2019, le Liban souffre d'une grave crise économique qui a entraîné la détérioration des conditions de vie de sa population. Des conditions qui se sont encore détériorées avec le coronavirus qui a bridé l'économie, et l'explosion du 4 août 2020. À l’instar des autres mohafazat, celui du Mont-Liban a été affecté par ces crises successives, qui ont pesé lourdement sur son économie. Cependant, grâce à de nombreuses initiatives, des jeunes ont joué un rôle-clé en aidant à surmonter et à résoudre ces crises.
C’est ainsi que depuis la pandémie du coronavirus, Ali Ayache, un jeune de 20 ans du caza de Aley (Mont-Liban), avec 10 autres jeunes des régions avoisinantes, a réussi à sensibiliser les habitants de la région au coronavirus et à sa prévention.
En raison du bouclage général, de la fermeture des entreprises et de la détérioration de la situation économique, Ali et un groupe de ses camarades de montagne ont mené des initiatives visant à collecter des dons pour acheter des colis alimentaires et les distribuer aux familles les plus nécessiteuses de la région.
De même, depuis le début de la pandémie de coronavirus, Liliane, originaire des environs de Bchémoun (Mont-Liban), a tourné avec un certain nombre de jeunes, des vidéos de sensibilisation au coronavirus et à la nécessité de limiter les événements sociaux et d’éviter les rassemblements.
Durant les congés de Noël et de l’Adha, pour éviter les célébrations traditionnelles dans les rues comme la région en avait l’habitude, Liliane a présenté ses vœux aux résidents et aux visiteurs à la radio.
Tout comme Ali et Liliane, Tony Abou Mitri, de la région de Hammana, a travaillé avec les jeunes de sa région depuis le début de la crise, en collaboration avec la municipalité et de plusieurs associations, pour soutenir les familles les plus pauvres. Avec l'apparition de la pandémie, des étudiants dans la plupart des régions libanaises, en particulier dans la ville de Hammana, ont été contraints de recourir à l'enseignement à distance. Grâce à des contacts avec des expatriés et un certain nombre d'associations, les jeunes de la région ont assuré des ordinateurs aux étudiants des familles les plus démunies, afin qu’ils puissent suivre normalement les cours.
Du coronavirus et de la crise économique à l'explosion désastreuse du 4 août qui a secoué la capitale Beyrouth, la vue de jeunes volontaires de diverses régions libanaises soignant les blessés sur les lignes de front de l’entraide, restera inoubliable. L'explosion au port a mobilisé des jeunes du Mont-Liban de toutes affiliations et communautés, venus au chevet de la ville blessée. Avec un groupe de jeunes de la Montagne, Ali est d’abord spontanément descendu dans les rues de la capitale sinistrée. Par la suite, le groupe s’est organisé pour étaler ses efforts sur plusieurs jours consécutifs. Il s’est scindé en plusieurs équipes qui se sont spécialisé chacune dans un domaine particulier : nettoyage, coordination, distribution de rations alimentaires, réparation d’un certain nombre de maisons ... . Après l'explosion du 4 août, le rôle principal de Liliane et des jeunes de Bchémoun a consisté à distribuer des repas aux volontaires dans les zones affectées. Le groupe a également tenu à collecter des dons des habitants de Bchémoun et à les offrir aux familles les plus touchées et les plus pauvres, généralement originaires du quartier de la Quarantaine. Ils ont également pris contact avec la diaspora libanaise pour obtenir des médicaments en faveur des handicapés de la région et ceux souffrant de maladies chroniques.
Indépendamment des crises, et dans le cadre de la promotion du tourisme intérieur au Mont-Liban, en particulier à Kfarmatta qui se distingue par des sites archéologiques et naturels bien connus, le Comité santé et environnement de la Société de bienfaisance et de développement de Kfarmatta, qui regroupe des jeunes de diverses affiliations de la région, s’est formé. Grâce à un financement du Programme de développement des Nations Unies (PNUD), il a réhabilité la zone touristique délaissée et polluée et en a fait une destination appréciée. Dans le même temps, la jeunesse de la région a fondé un groupe appelé « Kfarmatta al-Tanazoh » (Promenades de Kfarmatta), grâce auquel diverses activités et visites de sites archéologiques ont été organisées, auxquelles se sont joints les résidents des villes et villages voisins. À la suite de cette activité, le nombre de visiteurs venus à Kfarmatta de toutes les régions libanaises a bien augmenté.
Hiba Rameh est l'une de visiteuses qui ont participé à une journée d’exploration de la zone de Kfarmatta, dont elle ignorait les sites archéologiques et naturels. L'activité à laquelle elle a participé lui a fait découvrir son propre village.
De son côté, le président du Comité santé et environnement de la Société de bienfaisance et de développement de Kfarmatta, affirme que les jeunes ont joué un rôle-clé dans sa campagne de sensibilisation, et souligne qu'une nouvelle culture écologique est promue par l'actuelle génération, touchant à l'hygiène, à la prévention de la chasse, à l’interdiction de la chasse des petits oiseaux, à la protection de la nature contre la pollution, etc. Et d’expliquer qu’associer l'expérience acquise par la génération des anciens aux capacités et énergies de la jeunesse, est crucial pour l’inscription de Kfarmatta sur la carte touristique nationale.