Je ne suis pas originaire du Mont-Liban, je n'appartiens pas non plus à ses deux composantes principales, qui tantôt coexistent tantôt se battent sans que l'une puisse se séparer de l'autre. Autrement dit un divorce entre elles serait du genre qui sera presque certainement révoqué. Cela est dû à des raisons historiques dans la mémoire collective des deux groupes. Mais loin d'une analyse de ce phénomène, le Mont-Liban maintient un grand impact sur l'enrichissement de la vie libanaise. Et à partir de là ce fut le début, le début de l’émergence de ce Liban autour duquel les autres districts se sont unis pour former l'État du Grand-Liban. La culture du Mont-Liban a prévalu sur le reste des régions, qui avaient pourtant chacune son propre patrimoine culturel, quoique non déclaré et limité à des groupes fermés. Et comme toutes ces cultures étaient géographiquement confinées, c’est celle qui était la plus ouverte sur l'Occident qui a émergé et jeté les bases d'un Liban ouvert, éduqué et cultivé.
Cependant, au fur et à mesure que se développaient les manifestations armées pendant la guerre, les tendances aux divisions se sont également amplifiées. Après les partis de gauche déjà en place, des mouvements religieux sont nés de nulle part et ont œuvré à briser le modèle dominant en introduisant de nouvelles idées et des modes de vie différents de ceux qui prévalaient. Le Liban a aussitôt plongé dans un choc des identités, qui n'a engendré que des conflits en marge des événements, engageant tous les groupes libanais dans des affrontements qui ont révélé leur vulnérabilité et leur incapacité à vivre ensemble.
Le Mont-Liban reste l’élément fondateur, bien que d'autres régions ne soient pas moins importantes. Mais l'avenir du Liban est régi par la capacité de cette Montagne à restaurer la coexistence et le retour de l'interaction humaine entre les Libanais eux-mêmes, avant qu'ils ne se réconcilient avec le réfugié, quel que soit son identité.
Le Mont-Liban a un rôle historique dans le centenaire du Liban et un rôle pivot attendu pour le deuxième centenaire.