Qui veut être grand… devient serviteur

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Posté sur déc. 01 2017 8 minutes de lecture
Qui veut être grand… devient serviteur
Dans son épître aux Romains, l’apôtre Paul a invité ces derniers à "accueillir les étrangers", désignant ainsi les pauvres qui se retrouvaient jetés dans les rues d’une ville qui les traitait avec condescendance et qui les repoussait avec une superbe aussi froide que son marbre.

Saint-Paul affirme que l’essence de la loi divine réside dans le commandement relatif à " l’amour du prochain ". Il rappelle aux Romains que l’ensemble des commandements se concentrent dans ces paroles : " Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait point de mal au prochain. L’amour est donc l’accomplissement de la loi " (13 : 10-8).

Mais qui est donc ce prochain qu’il faut aimer ? Dans la parabole du Bon Samaritain (Luc 10 : 25-37) Jésus assure que la proximité ne repose pas sur les appartenances familiales, nationales, communautaires ou sur n’importe quel autre sectarisme mais sur les liens qui sont tissés dans des circonstances déterminées, lorsqu’un individu rencontre un autre qui a besoin d’être secouru. La proximité, dans ce contexte précis, n’est donc pas " celle de la chair et du sang ", mais devient un état régi par " la miséricorde ".

Chaque passant, chaque personne déplacée ou poussée à l’exode, chaque étranger et chaque être vulnérable sur cette terre devient le prochain. Il est intéressant de relever que le Samaritain, rejeté par la société juive, n’a pas poursuivi son chemin lorsqu’il a aperçu le juif qui était tombé entre les mains des brigands. Il s’est arrêté et a reporté tous ses projets lorsqu’il a vu que celui qui avait besoin d’être secouru, ce juif qu’il considérait comme un ennemi et un hérétique, était à l’article de la mort. Le Samaritain a accompli son devoir sans tenir compte de l’identité de celui qui avait besoin de lui.

Nous n’avons pas à " avoir de complaisance pour nous-mêmes ", a dit Saint-Paul au peuple de Rome la Grande. " Que chacun de nous cherche à complaire au prochain pour le bien, afin de l’édifier ". " Ce sera en vain que nous essayerons de complaire à Dieu, si nous ne complaisons pas au prochain et, surtout, à cet étranger " qui est tombé entre les mains des brigands ", voire entre les mains de tyrans, de meurtriers et de sanguinaires. La prière, le jeûne et l’adoration deviennent tous nuls, si leur finalité n’est pas le service de l’individu et son assistance durant les temps difficiles.

Jésus-Christ s’est mis lui-même au rang de l’étranger. Il a lié le salut au commandement relatif à l’amour du prochain, lequel est un devoir pour les fidèles. Lorsqu’il a parlé de la balance du jugement, le Jour du Seigneur, il a fait de l’amour de l’homme pour son prochain, la masse marquée principale et a expliqué que celui qui aime le Christ n’est pas sincère s’il n’aime pas l’Homme dans lequel le Christ habite, c’est-à-dire le malade, l’affamé, le pauvre, l’étranger et le prisonnier : " Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli chez vous. J’étais nu, et vous m’avez donné des vêtements. J’étais malade, et vous m’avez soigné. J’étais en prison, et vous êtes venus à moi " (Mathieu 25 :36-35).

Nous pouvons, tout aussi bien nous référer au préambule du Sermon de la Montagne dans lequel le Christ accorde la béatitude à " ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, ceux qui pleurent, ceux qui sont doux, ceux qui ont faim et soif de justice, qui font preuve de bonté, qui ont le cœur pur, qui procurent la paix, qui seront persécutés " (Mathieu 5 :1-12) pour montrer que dans les deux textes, le Christ s’est attardé sur l’importance du service gratuit, de l’amour et de la miséricorde entre les humains dans la perspective du salut.

Le Christ s’est en outre mis au même rang que les faibles de toutes les nations, affirmant clairement que celui qui leur montre de la compassion, la montre ainsi à Dieu. Le texte s’y rapportant ne considère pas la foi comme un passage vers le salut au moment où d’autres considéraient la foi comme la porte d’accès à la Vie éternelle. Il ne fait pas mention non plus de l’identité des miséricordieux, qu’elle soit celle de leur foi, de leur religion ou de leur communauté. " Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, Il s’assiéra sur son trône glorieux. Toutes les nations seront rassemblées devant lui….".

Le mot nations se réfère aux juifs à et toutes les religions du monde. A l’époque, ce terme était employé pour désigner la communauté religieuse. Durant cette période, les juifs rejetaient toute relation avec le reste des nations. Mais avec Son avènement, Jésus a levé les barrières entres les nations, les appelant toutes à accepter le salut…. Dans le même temps, il a voulu dire aux juifs, les fils de sa propre nation, que les autres communautés comptaient de bonnes gens sur lesquels Dieu posera un regard miséricordieux.

Nous pouvons parallèlement avancer que l’être humain est l’endroit où Dieu aime être adoré. L’être humain en qui Dieu habite est plus beau que les temples, les églises et les mosquées. Servir Dieu, c’est servir l’être humain dans lequel Dieu a donné son souffle de vie. " L’âme de Dieu habite en vous ". L’être humain devient al-Qibla et al-Mihrâb et devient de ce fait lui-même un lieu de pèlerinage, identique aux pèlerinages vers les Lieux Saints et le Tombeau du Christ. Dieu n’habite pas dans des pierres montées et n’est pas abrité par un toit. Il préfère habiter des cœurs chauds. " Donne-moi ton cœur et cela me suffit ".

La tradition chrétienne veut que le " Bon Samaritain soit le Christ lui-même ". Le Christ est le prochain parfait envoyé par Dieu pour panser nos blessures, pour nous sauver des griffes de Satan et de l’obscurité de la mort. Par voie de conséquence, il nous est possible de voir le Christ dans chaque personne qui donne à manger à un individu qui a faim, à boire à quelqu’un qui a soif, qui vêtit quelqu’un de nu, qui accueille un étranger, qui se rend au chevet d’un malade et qui rend visite à un prisonnier. Comme nous l’a dit Saint-Paul l’apôtre : " Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ ". (Corinthe 4 :16 et 11 :1). Origène d’Alexandrie (+235) nous invite à prendre exemple sur le Bon Samaritain qui est à l’image du Christ. A ce sujet, il dit : " Nous pouvons imiter le Christ et avoir de la compassion pour ceux qui sont tombés entre les mains de brigands, aller vers eux, panser leurs blessures, verser dessus l’huile et le vin, les porter sur nos mules et alléger leurs fardeaux ".

Plusieurs passages de l’Évangile affirment qu’une imitation du Christ commande au chrétien d’adopter le comportement du serviteur qui s’occupe de ses frères et non pas celui du maître, même s’il est le maître de ses pairs suivant les standards de notre époque. Après avoir lavé les pieds de ses disciples la nuit où il a été livré pour être crucifié, le Christ, Maître absolu, les a interpellés par ces mots : " Vous m’appelez le maître et le seigneur : et vous dites bien, car je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné l’exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez aussi vous-mêmes ". (Jean 13 : 13-15)

La seigneurie, dans le christianisme, n’est pas synonyme de pouvoir, de force ou d’argent. Elle ne se réalise que par l’amour, la modestie et l’obéissance de la parole de Dieu, la somme des trois étant le service gratuit jusqu’au don de soi. Le vrai seigneur est celui qui a choisi d’être le serviteur des pauvres, des vulnérables, des déplacés, des personnes poussées à l’exode, des sans-abris, des réfugiés et de tous ceux qui souffrent.

Le Christ lui-même dit : " Celui qui, parmi vous, voudra devenir grand, se fera votre serviteur, et celui qui, parmi vous, voudra être premier, se fera esclave de tous. Car le fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup " (Marc 10 : 43-44).

Le Christ est l’étranger et il est dans le même temps celui qui fait preuve de compassion à l’égard de l’étranger. Lorsque nous montrons de la miséricorde à l’égard des personnes vulnérables, nous la montrons simultanément au Christ. Nous pouvons dans le même temps avancer que toute personne qui éprouve de la compassion imite le Christ et devient à son image. A ce sujet, Saint Épiphane de Chypre (+403) dit : " Notre Seigneur a-t-il faim et soif ? Est-il nu, Lui dont la nature est immuable, qui a créé tout ce qu’il y a dans le ciel et sur la terre, qui nourrit les anges dans les cieux, ainsi que tout peuple et toute espèce sur terre ? Il est inconcevable que nous pensions ainsi. Le Seigneur ne jeûne pas dans son essence, mais dans ses saints ; Il n’a pas soif dans sa nature, mais dans ses pauvres ".

Nous sommes donc appelés à prendre sur nous les soucis de l’homme moderne avec ses difficultés, ses blessures et ses nombreux problèmes, à voir sa pauvreté et l’oppression à laquelle il est confronté, notamment les soucis des gens en temps de guerre et d’exode. Nous nous engageons à nous occuper d’eux et à les aider jusqu’à la fin des temps maléfiques. Aimer Dieu implique automatiquement de chercher à accomplir la seule recommandation qu’Il nous a ordonné de suivre : " Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé " (Jean 15 :12). Aimer Dieu commande d’aimer l’être humain en premier, chaque être humain ".

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