Il faut dire que les Libanais ont été suffisamment échaudés. Installés depuis 1948 dans leur pays, les réfugiés palestiniens ne sont clairement plus une priorité pour la communauté internationale. Pas même pour les autorités libanaises, qui ont pris l’habitude de subir les contrecoups des crises multiples qui secouent le Proche-Orient depuis cette époque : les guerres endémiques israélo-arabes, les accords de paix de Camp David, la guerre libanaise dont les Palestiniens armés étaient les détonateurs, les deux guerres du Golfe, les attaques israéliennes contre le Liban, la désintégration de l’Irak puis de la Syrie, les soubresauts du Printemps arabe… sans oublier les multiples attentats terroristes qui ont secoué le pays du cèdre. Le tout sur fond de crise économique, de chômage et d’immobilisme politique.
La nouvelle crise irano-saoudienne qui vient éclabousser le cœur des institutions officielles libanaises risque ainsi de faire passer au second plan l’épineux dossier des déplacés syriens : plus d’un million de personnes, pour la plupart démunies, à gérer au quotidien, alors que l’infrastructure du pays déjà saturée peine à suivre. L’aide internationale a beau affluer, elle n’arrivera jamais à couvrir tous les besoins pendant que de plus en plus de Libanais vivent dans la précarité.
Caser plus d’un million de personnes dans un pays sursaturé est impensable, et planifier leur retour dans l’étape actuelle relève de l’impossible. Bref, c’est la quadrature du cercle… et pas grand monde pour en arrondir les angles.