«Que son souvenir demeure, mais qu’à jamais elle ne revienne»

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Posté sur avr. 01 2017 3 minutes de lecture
«Que son souvenir demeure, mais qu’à jamais elle ne revienne»
Telle est la réponse de la plupart des Libanais à toute mention de la guerre civile (1975-90). Cependant, il serait imprudent et imprécis d'interpréter cette phrase comme un parcours sans but du passé. Tous les pays qui ont souffert des guerres civiles, mais aspirent à ouvrir une nouvelle page de leur histoire, se rendent compte que le processus de pansement des plaies peut être long et pénible. Leur expérience nous apprend que comprendre le passé, aborder les questions douloureuses et aboutir à des réponses difficiles sont les éléments-clés de la réconciliation et les ingrédients indispensables pour la construction d’un vivre-ensemble plus lumineux.
Dans ce numéro spécial du supplément commémorant la guerre civile libanaise, nous offrons une plate-forme pour un débat autour des répercussions de ce conflit et un rappel à travers les yeux de ceux qui l'ont vécu. Non seulement cela nous permettra de partager leurs souvenirs, leurs histoires et leurs expériences, mais aussi d'examiner les cicatrices physiques et psychologiques que la guerre nous a tous laissés.
Dans ce numéro, il y a des histoires de gens qui ont perdu des amis et des proches durant la guerre ; des histoires de personnes qui se sont mariées pendant la guerre, défiant les bombes et les barrages routiers ; des histoires de ceux qui ont malgré tout refusé de quitter le pays ; des histoires de personnes disparues ; et des histoires de familles vivant dans une crainte et une incertitude constantes, sans illusion quant à l'espoir de voir à nouveau leurs enfants dont le sort était en suspens.
Le traumatisme résultant de ces histoires et les souvenirs aggravés ont resurgi, alors que les Libanais revivent la notion de guerre en voyant se dérouler les événements en Syrie voisine. Il est important de considérer comment nos propres histoires de guerre ont la capacité d'humaniser nos rapports avec les personnes venant de pays déchirés par les conflits. Pour cette raison, les lecteurs de ce supplément connaîtront intensément la dimension humaine de la guerre et la complexité des défis rencontrés par les survivants au cours des dernières années. Espérons que cela renverra un seul message partagé : « Nos guerres peuvent être différentes, mais nos souffrances et nos pertes sont les mêmes ».
Au cours de la préparation de ce supplément, nous voulions vraiment que Libanais et Syriens parlent ouvertement et partagent leurs souffrances et leurs histoires d'espoir et de guerre. Certains étaient réticents à relancer de mauvais souvenirs, tandis que d'autres étaient désireux de partager les moments les plus intenses de leur enfance et de leur vie d’adulte.
Pendant que de nombreuses organisations commémorent actuellement la guerre par divers moyens et différents événements, nous voulons que les lecteurs utilisent ce supplément comme source de souvenir et un guide pour une longue réflexion sur la guerre civile : ses répercussions sur les sociétés déchirées, l'importance de la justice transitoire, la nécessité de trouver des réponses tangibles pour les familles des personnes disparues et les outils disponibles pour se souvenir et identifier les aspects culturels de la guerre.
Nous ne voulons pas parler de la guerre d'un point de vue historique et politique. En revanche, nous cherchons à promouvoir la mémoire collective de la guerre civile et la nécessité de la réconciliation, afin d'établir une paix civile durable et une stabilité sociale.
Nous croyons qu'il est temps de construire une paix fondée sur des notions de droits de l'homme, de justice et de responsabilité, plutôt que sur l'amnistie et l'amnésie.

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