« Nous ne sommes pas préoccupés pour deux raisons : d'abord parce qu’au Liban, non seulement toutes les communautés et tous les partis sont représentés au sein du gouvernement, mais en plus tous les leaders ont leur mot à dire dans la prise de décision, avec une priorité donnée au consensus afin de s’assurer qu’aucune catégorie de la population ne se sente tenue à l’écart ».
« La deuxième raison, c'est que nous avons déjà emprunté ce chemin, et la guerre civile de 15 ans au Liban nous a appris de la manière la plus dure qu'il n'y a pas de vainqueurs dans ce genre de conflits, et que le seul résultat est le chagrin, la douleur et la destruction généralisés ».
« Malheureusement, le concept même qui a aidé les dirigeants de ce pays à mettre fin définitivement au bain de sang a dénié ce point final à la population. L'accord selon lequel il n'y aurait ni vainqueur ni vaincu a donné l’assurance à tous les participants à notre conflit qu’ils ont émergé intacts dans leur dignité et leur honneur, et leur a permis de poursuivre leurs affaires à travers la reconstruction d'une nation ».
« Dans le même temps, cependant, beaucoup de vérités demeurent obscures près de trois décennies après la fin de la guerre. Alors que personne ne se précipite pour donner un éclairage sur les atrocités qui ont eu lieu ou les tueries qui ont coûté d’innombrables vies jusqu'à ce jour, les familles des victimes caressent encore l'espoir que leurs proches puissent encore être en vie. Le résultat est qu’une partie significative de la population reste enchaînée jusqu'aux derniers vestiges du conflit, incapable de progresser jusqu'à ce qu'elle découvre le sort des disparus ».
« Nous ne sommes peut-être pas inquiets de la perspective d’une nouvelle guerre, mais nous devons encore laisser à la précédente connaître son ultime repos ».