Quinze ans de combats féroces, faisant plus de cent mille morts, trois fois plus de blessés, sans oublier les personnes handicapées ou disparues, ainsi que des destructions massives dans les habitations et les infrastructures… Puis 15 autres années d’instabilité à l’ombre de la tutelle syrienne. Tout cela aura eu gain de cause des plus radicaux de la classe politique et des miliciens va-t-en-guerre qui pullulaient dans le pays. Trente années en tout qui ont fini par forger une certaine maturité citoyenne.
Aujourd’hui, en dépit des nombreuses divergences sur la gouvernance du Liban, plus personne ne songerait à reprendre les armes pour vider des querelles politiciennes. Tous les Libanais ont vu de leurs propres yeux et connu dans leur propre chair les affres de la guerre et leurs conséquences familiales, sociales et économiques. Un pays jadis florissant qui a subi brutalement un coup d’arrêt à son développement, qui a raté les débuts de la révolution technologique, comme s’il avait été mis entre parenthèses de l’évolution du monde.
Il n’y a qu’à observer aujourd’hui l’agitation de la classe politique autour des dossiers épineux d’actualité : loi électorale, budget, grille des salaires, restructuration des secteurs de l’électricité, de l’eau, du téléphone, protection de l’environnement… Aucune solution n’est en vue sur pratiquement toutes ces questions, mais qu’à cela ne tienne : pas un jour ne passe sans qu’un ministre, député, responsable politique ou chef de parti ne proclame sa foi dans « les vertus du dialogue, de l’entente nationale, et du respect de l’autre dans sa différence ». Et même quand l’un d’entre eux hausse le ton, c’est toujours pour jurer que le conflit reste confiné dans son cadre politique « au nom du débat démocratique ».
Tout cela est certes bien beau, encore faut-il que le débat finisse un jour par aboutir. Mais ceci est une autre histoire.