À la recherche d’une définition du statut de réfugié

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Posté sur juil. 01 2015 4 minutes de lecture
À la recherche d’une définition du statut de réfugié
Qu’est-ce qu’un réfugiéæ Une question qui se noie dans les discours de diabolisation ou de victimisation absolue qui régissent notre façon de traiter la cause des déplacés syriens. Le réfugié (déplacé, selon la terminologie officielle) est désormais une matière à discussion dans ces deux discours, bien que contradictoires, alors qu’en définitive, il s’agit d’une personne qui subit les conséquences du déplacement forcé dont elle a été victime et s’adapte – selon sa personnalité – à ses nouvelles conditions de vie. Qu’est-ce qu’un réfugiéæ
Une question que se pose un grand nombre de réfugiés et qu’ils posent aux personnes qu’ils côtoient, étant donné que la définition de leur statut dépend d’elles. Une question omniprésente dans les conversations des garçons et des filles dès l’âge de l’adolescence ou de la préadolescence.
«Je suis une réfugiée. En ce moment, je m’appelle réfugiée. Je suis une réfugiée», répète avec insistance Oumeima, avec l’accent prononcé des habitants de Deraa, son village qu’elle a quitté il y a plus de trois ans. La définition l’emporte, dans son esprit, sur son prénom. Elle détermine désormais son identité et la classe sociale à laquelle elle appartient, c’est-à-dire la communauté des réfugiés. Une terminologie qui définit son statut en tant que personne ne bénéficiant pas des conditions élémentaires de la vie.
«Je m’appelle désormais réfugiée, indique la petite fille. En d’autres termes, pas de maison ni de nouveaux habits. Plus encore, pas de scolarisation. Cela veut dire aussi que je dois supporter le froid de l’hiver et la canicule de l’été».
Ce que Oumeima avoue, les autres le rejettent. Ainsi, dans le camp de réfugiés de Qab Elias, de petits garçons se rassemblent autour de Abdallah, 15 ans. Ils se lancent dans des débats qui ne correspondent pas à leur âge, employant des phrases que d’autres enfants du même âge n’utilisent même pas. Ils parlent de «l’avenir impossible», des «horizons bouchés» et des «solutions ajournées». Ces enfants détestent le mot réfugié. Abdallah insiste: «N’appelez pas cet endroit un camp. C’est un chantier dans lequel nous avons été obligés de vivre en permanence». Abdallah et les autres estiment que le mot réfugié est une insulte.
L’artiste Sabine Choucair et la réalisatrice Eliane el-Raheb ont dirigé, avec le soutien de l’Unicef, un projet baptisé «L’auto-perception». Dans le cadre de ce projet, des adolescents ont réalisé des films dans lesquels ils font part de leurs préoccupations concernant leurs conditions de vie en tant que réfugiés. Au nombre de ces travaux, un court-métrage intitulé «Cigale». Le mot cigale revient dix fois dans ce film d’une durée de cinq minutes, comme il revient au quotidien dans la vie de ces réfugiés adolescents. Un mot que répètent de jeunes garçons, libanais. Il convient de noter que la cigale est un petit insecte dérangeant et sans aucune utilité.
Le visionnage de tous ces courts-métrages produits dans le cadre du programme «L’auto-perception» permet au spectateur de trouver des réponses à la question concernant la définition du statut de réfugié.
Être un réfugié signifie que l’adolescent est exposé chaque jour aux abus verbaux et physiques, comme aux insultes. Cela veut dire que les autres lui font sentir qu’ils sont des maîtres autorisés à s’ingérer dans ses affaires.
Être un réfugié signifie que l’adolescent ne bénéficie d’aucune protection.
Être un réfugié signifie que l’adolescent admire le mode de vie des citoyens du pays hôte et qu’il essaie de les imiter, mais qu’à leur regard, il est forcément moche.
Être un réfugié signifie que l’adolescent effectue des travaux physiquement fatigants, sans être correctement rémunéré en contrepartie.
Être un réfugié signifie que l’adolescent fait face aux difficultés scolaires dans des établissements qui tirent profit de la situation des réfugiés, mais qu’il se retrouve à la fin sans diplôme.
Il existe des dizaines d’autres définitions au «statut de réfugié», mais pour les comprendre, il faut forcément vivre avec les réfugiés des mois durant, et non pas leur imposer nos opinions, nos agendas et les fruits de notre imagination.
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juil. 2015
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