Mon histoire avec l’exode

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Posté sur juil. 01 2015 4 minutes de lecture
Mon histoire avec l’exode
C'est à la mi-juillet que je me suis établi avec ma famille à Wadi Khaled, au nord du Liban. Le soir même, un sentiment de désespoir m'a envahi. J'avais du mal à respirer. Je me demandais: que vais-je faireæ Autour de moi, tout prenait une dimension démesurée alors qu'au fond de moi-même, je me sentais diminué. Comment vais-je réussir à dissimuler ce sentiment, cette tension et cette confusionæ La Syrie que je venais de quitter n'est plus la même. Mon foyer a changé. Ma vision de la vie aussi.
J'ai passé trois jours sans sortir de la maison. Je suis aujourd'hui dans un nouveau monde, parmi des gens nouveaux, des gens que je ne connais pas. Je suis le seul à subvenir aux besoins de ma famille, composée de ma mère, de mes trois soeurs qui avaient toutes des enfants. L'une avait perdu son mari et l'époux de l'autre croupit dans une prison syrienne. Nous sommes sans nouvelles de lui depuis deux ans et demi. Mon père est décédé.
Ma nouvelle maison, petite et modeste, se situe au rez-de-chaussée du bâtiment. Le propriétaire habite l'étage supérieur. Il nous a offert à ma famille et à moi, toute l’assistance possible. Il a même contribué aux moindres détails de notre installation (adduction d'eau potable, électricité…) sans rien demander en retour et sans se départir de son sourire.
Ma famille profite des coupons alimentaires, mais ils ne suffisent pas et ne me permettent pas de rester sans rien faire. Je dois faire quelque chose pour m'arracher à cette situation douloureuse. De la sorte, je peux finir par être satisfait de moi-même et subvenir en même temps aux besoins de ma famille.
Tel a été mon départ dans la vie dans ce nouveau monde. En Syrie, j'avais fait une année de droit, mais je n'avais pas pu poursuivre mes études à cause de la crise. J'avais cependant suivi avec assiduité des sessions de formation culturelle et professionnelle, dont une formation de coiffeur et une autre de sensibilisation médicale. J'étais parmi les plus doués. J'ai profité de toutes ces expériences pour bâtir mon propre «palais», joli et modeste, et pour lutter en vue d'une vie meilleure en dépit de mes faibles moyens.
J'ai cherché du travail et j'en ai trouvé. J'ai réussi à acquérir plusieurs salons de coiffure pour hommes. J'ai aussi loué un établissement où j'ai pu exercer mon métier et me développer au plan personnel.
Aujourd'hui, je dédie ce succès à chaque jeune syrien et libanais. Je les encourage à ne pas céder au désespoir, à ne pas se décourager quelles que soient les circonstances et à rester autant que possible positifs. Une personne au comportement et au langage élégants peut toucher le cœur de chaque personne qu'elle rencontre et gagner le respect de tout le monde.
Mon expérience à Wadi Khaled est utile et moderne. Elle m'a doté de vastes connaissances et m'a permis d'acquérir une technique moderne dans le domaine de la gestion du dialogue et du développement personnel. J'ai participé avec l'«Association du succès et du bonheur» au projet intitulé «Les jeunes diffusent un message de paix en temps de crise». Après toutes ces formations, mon amour pour la vie s'est accru. J'ai participé à plusieurs autres activités, telles que des sessions de langue anglaise, d'encadrement d'enfants et autres.
Pour finir, je dois dire qu'il existe au fond de chacun de nous un tunnel sombre mais que nous ne sommes pas tous capables de pousser la pierre qui en bouche le bout pour que la lumière l'inonde.
Telle est mon histoire. L'histoire d'un exode en plusieurs épisodes en attendant le dernier qui pourrait être porteur d'un épilogue heureux.
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