La concomitance des facteurs de violence contre les réfugiées syriennes

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Posté sur juil. 01 2015 4 minutes de lecture
La concomitance des facteurs de violence contre les réfugiées syriennes
Illustration de Samiah Dagher
A l’ombre de la physionomie géographique internationale actuelle, le phénomène de l’exode d’un pays à un autre, sous le poids de la guerre ou de facteurs économiques et sociaux, est devenu l’une des situations les plus violentes à laquelle pourrait être confronté un individu. A cet égard, la Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a souligné que la crise de l’exode syrien constitue l’une des plus graves crises de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale.
Avec les mesures de restriction prises pour protéger les frontières, l’exode est devenu une opération complexe, présentant moult dangers aux frontières et à l’intérieur des pays hôtes.
L'on sait déjà que la violence contre les femmes est un phénomène qui est enraciné dans la plupart des sociétés. Si l'on ajoute à ce facteur la violence induite par l'exode, on dénote alors les épreuves spécifiques endurées par les femmes réfugiées, plus particulièrement les Syriennes, du fait du contexte économique et social provoqué par l'exode. En raison de la localisation des camps, très éloignés des villes, et à cause du manque des opportunités de travail, les camps se transforment en de quasi lieux de détention, sous l'effet des tracasseries nouvelles imposées par l'Etat, notamment la Sûreté générale, aux réfugiés. Cela englobe les difficultés créées pour leur entrée au Liban, sans compter les problèmes en rapport avec leurs papiers officiels et leurs permis de séjour, ce qui entrave sensiblement leur libre déplacement.
A cela s'ajoute le couvre-feu imposé par certaines municipalités à Beyrouth et dans les régions, ce qui a pour résultat que les réfugiées vivent pratiquement dans une prison au sein d'une prison. Nombre d'entre elles (dépendamment, évidemment, de leur situation sociale) ne sont pas en mesure de quitter le Liban pour regagner leur pays, à cause de la guerre, et elles n'ont pas la possibilité de se rendre dans d'autres pays pour des considérations économiques et en raison des difficultés à obtenir des visas d'entrée.
Pour toutes ces raisons, les réfugiées vivent désormais à l'ombre d'un contexte dans lequel elles subissent la violence. Parallèlement, les réglementations institutionnelles mises en place pour «organiser l'exode» les ont placées dans une situation précaire, rendue encore plus difficile du fait de leur exploitation au niveau de l'emploi ou même dans la rue. Nombre de réfugiées sont ainsi carrément harcelées, mais elles ne peuvent réclamer des comptes à ceux qui leur font subir une violence et qui s'emploient à les exploiter. Même les policiers les traitent souvent de manière inacceptable en leur faisant subir une violence verbale et morale.
L'ensemble de ces facteurs compliquent l'entrée des réfugiées sur le marché de l'emploi afin qu'elles puissent assurer leurs moyens de subsistance. Elles misent, par conséquent, sur les services assurés par les ONG, locales et internationales, qui ne sont plus en mesure de couvrir leurs besoins en raison de l'aggravation de la crise. De plus, le ministère du Travail a récemment fixé les professions que les réfugiés syriens peuvent exercer. Ces professions revêtent un caractère prolétaire par excellence et leur rémunération ne dépasse pas le salaire minimum vital. Cela permet aux patrons d'exploiter les réfugiés, hommes et femmes, aussi bien sur le plan financier que sexuel.
Ce cycle de violence ne se limite pas au seul volet social mais il touche aussi le volet privé. Nombre d'associations ont ainsi relevé un accroissement de la violence à domicile du fait des problèmes qui entravent l'octroi des services au sein des camps. Un certain nombre d'organisations ont tenté d'assurer aux femmes des lieux sûrs afin qu'elles puissent s'exprimer au sujet de la violence et obtenir une aide, mais des associations féminines locales ont établi des rapports dans lesquels elles dénoncent les méthodes d'action des associations internationales. Ces rapports se basent sur les témoignages de certaines réfugiées qui se plaignent du fait que ces associations organisent de nombreuses séances de dialogue afin de déterminer les besoins des réfugiées, et lorsqu'il s'agit de mettre à exécution les projets préconisés et d'assurer les services requis, elles ne tiennent pas compte des doléances exprimées et se contentent d'appliquer des plans d'action préétablis.
La question qui se pose, par voie de conséquence, est de savoir par quels moyens serait-il possible d'assurer aux réfugiées des structures d'accueil plus sûres. Que pourraient faire l'Etat, la population hôte et les associations afin d'atténuer les effets de la situation précaire dans laquelle se trouvent les réfugiées. Les interrogations sont nombreuses mais la réalité reste la même. Au bout de toutes ces années d'exode, les réfugiées syriennes ne disposent d'aucun espace sûr.
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juil. 2015
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