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Metro al-Madina :le beau visage de Beyrouth

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Posté sur juin 01 2016 5 minutes de lecture
Metro al-Madina :le beau visage de Beyrouth
© Lara Nohra
Dans la rue Hamra, l’une des artères commerçantes principales de Beyrouth, se trouve Metro al-Madina, un « cabaret culturel » en sous-sol relevant du théâtre al-Madina, bien qu’indépendant administrativement.

Lespace est formé dun bar et dun théâtre. « Cest un endroit qui accueille des programmes musicaux et théâtraux variés et de qualité », explique Hicham Jaber, homme de théâtre et directeur artistique du « Metro ». Il ajoute : « Cet espace est ouvert à toute personne qui a quelque chose à exprimer, et à toute expérience artistique, arabe ou étrangère ».

Quiconque dévale les marches vers Metro al-Madina ne peut que ressentir l’énergie positive qui sen dégage, et qui lui fait oublier le poids de la ville et la difficulté dy vivre parfois. Le visiteur y est accueilli par des murs colorés, par des posters annonçant des shows de cabaret, des pièces de théâtre et des représentations musicales, par une atmosphère cordiale et joyeuse qui règne dès lentrée du bar et jusquau théâtre, où se produisent des shows variés tout le long de la semaine. Les troupes sont en majorité formées dartistes libanais, syriens, palestiniens, irakiens ou encore égyptiens.

« Dès le lancement de nos activités, nous avons rencontré des artistes syriens très doués, explique le metteur en scène Bassem Breche, lun des responsables du théâtre. C’était la première fois que Libanais et Syriens avaient loccasion de faire connaissance, loin des barrières psychologiques et des sentiments négatifs qui nous empêchaient, auparavant, de communiquer entre nous ».

Il ajoute : « Nous avons accueilli des artistes de divers pays, arabes et étrangers. Toutefois, comme les artistes syriens résident à Beyrouth, ils ont joué un rôle essentiel dans la création de groupes musicaux. Ils y ont introduit leurs instruments de musique variés, ce qui a contribué à enrichir la vie artistique et musicale de la ville ». Selon lui, le « Metro » a rempli, dans un sens, le rôle qui avait échu à Beyrouth dans le passé. « Quand des crises éclataient dans les pays voisins, la capitale libanaise accueillait les artistes qui avaient dû quitter leur pays, et cest exactement ce que leur assure Metro al-Madina aujourdhui », dit-il.

 

Hani al-Sawah, un rappeur syrien exilé de sa Homs natale vers Beyrouth en 2012, a trouvé en Metro al-Madina une atmosphère unique dans la capitale. « Cest cet endroit si particulier qui ma permis de m’épanouir, dans ma relation avec le public et dans ma prestation artistique, raconte-t-il. Metro al-Madina représente, pour moi, le côté positif et rassurant de Beyrouth, la moitié pleine du verre, en somme. Je my sens chez moi. La relation avec l’équipe est claire, institutionnalisée et familiale. Cest ce qui ma poussé à rester dans la ville ».

Cest encore Metro al-Madina qui a encouragé une chanteuse et musicienne égyptienne, Mariam Saleh, à quitter son pays pour la première fois de sa vie pour sinstaller à Beyrouth. Mariam avait passé son enfance et une grande partie de sa vie dans une troupe itinérante de théâtre populaire, appelée « Souradek », fondée par son père Saleh Saad en 1983. Elle a surtout aimé y incarner le rôle de clown. Elle a également joué quelques rôles au cinéma, animé des ateliers de théâtre pour enfants, fondé plusieurs groupes musicauxMais son souci principal était de populariser les œuvres de Cheikh Imam, une personnalité « méconnue », selon elle.

« Le premier endroit auquel je me rends quand jarrive à Beyrouth est Metro al-Madina, confie Mariam. Je my sens entourée. La dernière personne de ma connaissance qui savait faire régner une atmosphère aussi chaleureuse dans un milieu de théâtre était mon père ». Ce qui impressionne le plus lartiste, ce sont les relations humaines qui règnent entre les employés de Metro al-Madina, les artistes et les gérants des lieux.

Cest cette atmosphère chaleureuse qui a également séduit Marwa Abi Khalil, une jeune Syrienne débarquée à Beyrouth depuis trois ans, à dix-huit ans à peine, de la région de Soueida en Syrie. Marwa étudie les Beaux-Arts à lUniversité libanaise le jour, et travaille au Metro la nuit. « Je ne ressens aucune fatigue à travailler ici, souligne-t-elle. Latmosphère est cordiale et rassurante, on y est entouré dattentions et damour. Personne ne fait de mal à personne, contrairement à ce qui se passe ailleurs ». La jeune femme samène tout autant à Metro al-Madina hors des horaires de travail : elle y dessine, elle écoute de la musique, elle se reposecomme si elle se trouvait chez elle. « Beyrouth, pour moi, cest le Metro », dit-elle.

« Durant la guerre, il était courant que les abris se transforment en cabarets, constate Bassem. À la surface, les gens sentretuaient. Sous-terre, ils samusaient. Au cours des cinq dernières années, Metro al-Madina sest transformé en un lieu de loisirs et dexpérimentation, soutenant les artistes et les troupes artistiques, mais aussi des causes sociales et humanitaires dans lesquelles les responsables du lieu voient les leviers dun mouvement culturel quils veulent lancer dans le pays ».

En effet, dans cette salle de spectacle qui avait par le passé servi de siège au département de censure des films, Metro al-Madina a organisé plusieurs ventes aux enchères au cours des dernières années : lune pour appuyer la campagne de lIntifada de la femme dans le monde arabe, la seconde au bénéfice des réfugiés syriens, et la troisième en faveur des libertés et contre la censure. Dernièrement, une représentation du show « Bar Farouk » a été consacrée à la campagne de la liste « Beyrouth Madinati », qui s’était présentée en mai aux élections municipales de la capitale, se plaçant hors de la mobilisation politique et confessionnelle qui avait sévi partout ailleurs dans le pays.

« A Metro al-Madina, nous sommes convaincus quil est de notre devoir de soutenir des causes dans lesquelles nous croyons, et des campagnes qui apportent des propositions sociales utiles pour la ville. Le mouvement culturel dun pays est en effet lié à la vitalité de sa société », conclut Hicham Jaber.

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