Sa patrie est devenue un enfer, le pays d'asile le regarde comme s’il était coupable. Rien qu’en raison de sa présence, dépourvue de toute protection. Tels sont les titres libanais d’une situation humanitaire, se transformant en cause politique ou en commerce confessionnel en plein essor, ou encore en défense d’une souveraineté fragile.
La présence des réfugiés syriens constitue un fardeau supplémentaire pour le Liban. Mais nombreux sont les fardeaux du Liban, et nombreuses sont les inquiétudes des responsables politiques. Ils sont inquiets pour l'entité libanaise. Ils ressentent l’insuffisance de la démographie. La résidence temporaire, ils la pensent susceptible d’être prolongée, ou pire, se transformer en implantation. Mais cela est impossible. La Constitution libanaise protège le pays de toute implantation. Avec un tel discours, le réfugié qui est une charge devient un danger. Pourtant, ce dernier ne veut rien d’autre que survivre. Son ambition même est de survivre. Son obsession est de sécuriser son alimentation et ses médicaments. L’idée lui vient de s’évader du Liban parce qu’il se sent à l’étroit. Il échoue. Il est soulagé quand il arrive à assurer un livre et une école à ses enfants. Il néglige les procédures légales humiliantes qui blessent ses sentiments. Sa situation de demandeur le prive de sa dignité.
Mais ce n’est pas tout. L’asile, après un certain temps, se transforme en résidence permanente. Les opportunités futures peuvent pousser le réfugié syrien à porter des armes. Cela s’est bien produit et à plusieurs reprises dans les pays d’asile. En Afrique et en Jordanie, c’est arrivé. Au Liban, il a essayé. Peut-être que le danger est tapi quelque part, bien qu’il soit aujourd’hui contenu. Qui sait quand ce projet deviendra l’arme ultime des réfugiés pour retourner dans leur pays ? Qui sait ? Cependant est-il concevable de réclamer des comptes rien que sur des intentions, voire des spéculations ?
Mis à part cela, il y a les charges économiques, les négligences de la gestion libanaise et l’indifférence internationale... Mis à part cela, il y a la concurrence de la main-d'œuvre, et la déliquescence du marché du travail. Mis à part ceci et cela, le réfugié ne peut être traité comme un simple numéro... Il s’agit d’un être humain accompli devant bénéficier de tous les droits prévus par les lois internationales.
Un test difficile pour le Liban, un test encore plus difficile pour le réfugié.