De multiples services offerts aux réfugiés passent par les municipalités

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Posté sur juin 01 2016 7 minutes de lecture
De multiples services offerts aux  réfugiés passent par les municipalités
Les municipalités du Liban se trouvent dans un état d’alerte permanent depuis qu’a débuté le flux de réfugiés syriens, ceux-ci représentant désormais plus du tiers des habitants.

Les municipalités, tout comme les organisations de la société civile, se sont transformées en de véritables cellules actives en vue daccompagner les réfugiés et de répondre à leurs besoins, notamment avec le recul des services offerts par certaines organisations internationales ou régionales. Le flux des réfugiés sest alors mué en un fardeau qui a épuisé les municipalités en raison de laccumulation des problèmes qui en ont résulté, lampleur des besoins et la difficulté dassurer à ces nouvelles populations les moyens de se loger et de se sustenter.

Des décisions municipales ont dû être prises dans plusieurs régions, comme celle dimposer le couvre-feu ou de limiter le nombre dhabitants dans les unités de logement. Ces mesures nobéissent pas à une logique « raciste », mais à une tentative de prévention sécuritaire, selon les municipalités concernées. Celles-ci ont dû aussi assurer leau courante et l’électricité, soccuper des eaux usées et des déchets, et ouvrir des canaux de communication avec les ONG locales et internationales afin de limiter les répercussions de la crise, en attendant les solutions espérées.

Une coordination pour limiter le gaspillage

La ville de Saïda est considérée comme un cas exemplaire daccueil des réfugiés, ainsi que le souligne le responsable de ce dossier dans son conseil municipal, Kamel Kazbar. « Dès le début de la crise, nous avons créé une fédération des organisations de secours et de développement à Saïda et dans le Sud, afin de recenser et denregistrer le nombre de réfugiés qui affluaient dans cette région, et dans lobjectif de répondre à leurs besoins, dit-il. Leur nombre atteint aujourdhui 5 627 familles, soit environ 32 531 individus, répartis sur les différents quartiers de Saïda et de ses environs, ainsi que dans le camp palestinien de Aïn el-Héloué. »

Selon Kamel Kazbar, la fédération se charge de la coordination entre les organisations daides aux réfugiés. « Ces mesures ont permis de limiter le gaspillage et dassurer que des aides parviennent à toutes les familles sans exception, précise-t-il. Nous sommes dorénavant au fait des besoins de chaque famille. Cette coordination a permis dalléger les souffrances et de réduire les risques de problèmes, que ce soit au niveau sécuritaire ou social ».

Quatre ans après le début du flux de réfugiés syriens à Saïda et dans ses environs, Kazbar estime que « ces familles vivent désormais dans un état de stabilité financière, notamment par le biais des programmes de soutien mis en place par les ONG, et en raison de la capacité des Syriens à travailler dans plusieurs domaines pour une rémunération relativement inférieure à celle des Libanais ». « La municipalité est soucieuse de respecter un certain ordre de priorité dans les services assurés aux réfugiés, poursuit-il. Ainsi, la proportion de réfugiés qui vivent actuellement dans des appartements moyennant un loyer s’élève à 98 %, alors que 2 % seulement sont regroupés dans des complexes gratuits. Des aides leur sont versées pour leur permettre de sacquitter du loyer, ainsi que pour leurs dépenses dans les domaines de la santé et de lhospitalisation. Cest ce qui a permis dalléger le poids des dépenses sanitaires que versait le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR). Il en est de même dans le domaine de l’éducation : bien que la scolarisation gratuite ait été assurée par le gouvernement et les organisations internationales, nous avons dû nous occuper du transport des élèves ».

Affronter la culture de la méfiance

En raison du fardeau que représente le flux des réfugiés, des programmes daide aux municipalités ont été mis en place par l’État comme par les organisations internationales, visant en premier lieu à maintenir la stabilité sociale et à éviter les cas dinjustice. Certains de ces programmes ont permis de renforcer les infrastructures et les services, dautres étaient axés sur les offres demploi, dautres encore visaient à renforcer les capacités dorganisation du flux des réfugiés, mettre en place les structures daccueil et réduire les risques sécuritaires, dans un contexte daugmentation du taux de criminalité. En raison de linquiétude croissante des Libanais, amplifiée par les événements qui ont secoué Ersal, et de la situation dramatique de plus de 1,2 million de réfugiés, la culture de la méfiance à lencontre des réfugiés sest généralisée dans tout le pays, atteignant quelquefois les limites du racisme.

Dans le caza du Akkar, qui accueille près de 106 000 réfugiés et qui a perdu six de ses habitants dans les affrontements entre larmée libanaise et les groupes armés à Ersal, les réfugiés sont désormais vus comme un danger permanent. Certaines municipalités ont, par-conséquent, pris à leur égard des mesures de prévention comme le couvre-feu ou linterdiction de circuler en moto.

Le président du conseil municipal de Hrar, Khaled Youssef, insiste sur le fait que « ces mesures préventives ne sont pas dirigées contre les réfugiés, mais sont prises dans lintét des Syriens et des Libanais, pour le maintien de la sécurité ». Il ajoute : « Les réfugiés ont le droit de travailler et de faire ce quils veulent, dans certaines limites. En tant que municipalité, nous leur apportons les aides nécessaires. Avec le concours de lorganisation « Mada », nous mettons en place des programmes de renforcement des relations entre réfugiés et résidents ». Il insiste particulièrement sur les aides dans le domaine de la santé, « étant donné quil existe des cas dont le traitement nest pas couvert par les organisations internationales ».

« Bien que laugmentation du nombre des réfugiés ait eu une incidence négative sur les services, le marché de lemploi et le montant des loyers, la plupart des réfugiés syriens ont réussi à sintégrer dans la société locale », estime Khaled Youssef.

Ahmed Kassir, un réfugié syrien, pense que les municipalités du Liban-Nord ont constitué un environnement propice aux réfugiés, leur apportant les secours nécessaires dans la mesure de leurs moyens, et prenant des décisions restrictives qui ont varié suivant les régions et leurs spécificités.

« Les mesures restrictives à lencontre de certains ouvriers syriens se justifient dans les régions touristiques comme Jbeil ou Halate, poursuit-il. Dans dautres régions, les couvre-feux et linterdiction de circuler à moto après 18 heures sont perçus, par les réfugiés, comme une limitation de leurs mouvements. Ils se sentent par-conséquent comme en prison. Afin de ne pas susciter en eux un sentiment de discrimination, il faudrait donc alléger ces mesures et les rendre effectives après 22 heures seulement. »

Cette position est aussi celle de Yahia Hachem, un autre réfugié syrien. Celui-ci comprend les mesures visant à limiter les déplacements sur deux-roues, étant donné que ce moyen de transport est utilisé de manière privilégiée par les cellules criminelles dormantes. Mais il est erroné, selon lui, de lappliquer à tous les conducteurs sans exception. Tout en reconnaissant les efforts des municipalités dans laccueil des réfugiés, il assure que ces derniers ne doivent pas être perçus comme une concurrence déloyale envers les Libanais, soulignant que leur seul souci est de sassurer une vie digne en attendant le retour chez eux.

Dun point de vue légal, les municipalités nont pas le droit dimposer une limitation de mouvements à quelque personne que ce soit, assure Nevine Habbal, avocate, vu que de telles mesures sont considérées comme contraires aux droits de lhomme. Toutefois, poursuit-elle, larticle 74 du décret 665/97 de la loi sur les municipalités permet à celles-ci dinterdire tout ce qui pourrait constituer une menace à lordre public, à la sécurité ou à la santé publique. Sous couvert de cette prérogative, les municipalités ont pu prendre ce quelles ont appelé des « mesures préventives », surtout après la multiplication des incidents sécuritaires, plus particulièrement les vols à larraché.

Nevine Habbal estime que « les municipalités nont pas pris de mesures exagérées, facilitant au contraire le mouvement des réfugiés, notamment dans les cas durgence ».

 

En raison du fardeau que représente le flux des réfugiés, des programmes daide aux municipalités ont été mis en place par l’État comme par les organisations internationales, visant en premier lieu à maintenir la stabilité sociale et à éviter les cas dinjustice

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