À partir de là, la correction des concepts et des terminologies devient une entrée en matière en vue de clarifier la relation, déterminer les droits et les devoirs, et à ce moment la présence syrienne au Liban devient un asile et non pas un exode d’une région à l’autre à l’intérieur d’une seule patrie. Par conséquent, la nature même des droits s’en trouve modifiée et le droit au retour devient naturel, même si sa réalisation doit se prolonger dans le temps, exactement comme cela se passe avec les réfugiés palestiniens.
Mais la réalité est que le peuple syrien et nous ne faisons qu’un… dans le malheur. Nous partageons la même guerre maudite. La guerre civile ou cette guerre des autres sur notre sol, celle-là même que nous avions expérimentée et dont nous n’en sommes pas encore sortis. Nous en subissons aujourd’hui encore les conséquences, parce que les mémoires n’ont pas été purifiées, et que la réconciliation ne s’est pas déroulée conformément au sens réel du mot « réconciliation ». Nous avons tourné la page et caché la poussière sous le tapis, et c’est pour cela que le fantôme de la guerre nous guette à chaque carrefour et pointe de la tête à chaque tournant.
Et les Syriens aujourd'hui ne sont pas mieux lotis. Ils essayent, avec quelques acteurs de la communauté internationale, de trouver un règlement qui sera probablement politique et non militaire. Mais chacun des protagonistes penche pour une solution radicale. Sans même penser à retenir la leçon de l'expérience vécue par le pays le plus proche, le Liban, qui a mis fin à 15 ans de guerre sans parvenir à une solution militaire, et sans avoir été en mesure de construire à ce jour une paix réelle.
Les citoyens syriens, qu’ils soient en Syrie ou au Liban, doivent bien réaliser que leur sort n’est qu’un. S’ils perdent leur patrie, ils se perdront eux-mêmes. Et s’ils abusent de leurs hôtes libanais, ils ne feront qu’accumuler l’hostilité, transformant leur séjour en enfer plutôt qu’en une véritable hospitalité et une chance de consolider les relations fraternelles entre deux peuples.