À dire vrai, il semble que la question du déplacement syrien n’a jamais dominé la scène si ce n’est que sous l’angle des surenchères, de l’exploitation et de l’utilisation politique d’une présence forcée. Jusqu’aujourd’hui, nul dans la République ne connaît les véritables données démographiques du déplacement des refugiés syriens, concernant leur nombre effectif et leur répartition géographique.
Les images des noyades des refugiés ont dominé la scène, ainsi que celles de leur fuite vers l’inconnu, du bombardement des sites archéologiques et des accords entre les pays occidentaux sur le nombre de réfugiés qu’ils vont chacun accueillir. Des Syriens éduqués, des jeunes, capables de bâtir l’avenir, mais qui ont été rejetés par leur propre pays et les pays « frères ».
Seule Mariam continue de s’asseoir au bord de la route située entre les rues Hamra et Saroulla. Depuis trois ans, elle y reste avec ses trois enfants. La tristesse habite encore ses yeux. La peur du vide et de l’avenir la hantent toujours. Sauf que les déplacements de ses enfants dans la rue sont moins lourds, comme s’ils se sont habitués aux lieux et ne les craignent plus.
Comme si leur vie quotidienne a désormais un impact connu et familier. Mais ce qui est encore plus douloureux, c’est que leur présence quotidienne, là-bas, depuis trois ans, est devenue familière aux yeux de tous les passants.